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Espace d’art Chaillioux

Impressions Frédérique Callu – Pierrejean Canac Anaïs Charras – Cléa Darnaud Jacques Ibert – Atsuko Ishii

Espace d’art Chaillioux

Cette nouvelle exposition à l’Espace d’art Chaillioux de Fresnes doit beaucoup aux réflexions de Walter Benjamin développées dans son célèbre essai, initialement écrit en 1935, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée.

Une des questions posées dans cet ouvrage est celle du statut d’une œuvre pouvant être multipliée – imprimée – potentiellement à l’infini, du multiple… La photographie est, certes, au centre des préoccupations de son auteur mais son analyse englobe aussi la lithographie, technique relativement récente, inventée en 1796 par Aloys Senefelder, et les pratiques historiquement plus anciennes de la gravure, sur bois ou sur métal. Sans ajouter à la riche glose construite autour de ce texte séminal, retenons la principale conclusion de Benjamin selon laquelle le multiple perdrait l’aura associée à une œuvre unique.

Nous avons choisi, pour apporter une forme de contradiction au philosophe allemand et pour illustrer la vitalité des pratiques contemporaines du multiple, trois graveuses et trois photographes. Parmi les premières, deux, Anaïs Charras et Cléa Darnaud, se cantonnent dans une stricte opposition de noirs et blancs, tandis qu’Atsuko Ishii nous enchante par le large spectre coloré de ses compositions. Chez les seconds, Frédérique Callu s’en tient au noir et blanc, alors que Pierrejean Canac et Jacques Ibert déploient, non sans une dose de délectation goulue, un éventail de couleurs chaudes, acidulées ou expressives.
* * *

En pleine ère de la photographie numérique, Frédérique Callu s’attache aux techniques traditionnelles des clichés argentiques : prise de vue, travail en laboratoire, retouches… Pour autant, ses productions n’ont rien de passéiste ni de nostalgique. Elles se présentent avec la lucide acuité de constats d’enquêteurs policiers, de planches extraites d’un improbable roman-photo, d’arrêts sur image, de procès-verbaux de faits qui, pris isolément, n’ont rien de spectaculaire. Et pourtant, l’atmosphère générale qui en émane est lourde de sens, sans que le spectateur puisse en identifier les raisons ni les enjeux. L’univers de Frédérique Callu évoque l’inquiétante étrangeté, l’Unheimichkeit, freudienne ou, peut-être plus encore, une inquiétante familiarité, car aucun des éléments constitutifs de ses images ne paraît anormal. C’est leur combinaison dans un seul point de vue qui leur confère leur caractère singulier. Le regardeur est alors entraîné dans une troisième dimension, plus psychique que réelle, plus imaginaire que rationnelle…

La série de photographies TRAVELLLINGS de Pierrejean Canac, ne résulte d’aucune opération de post-production, d’aucun bidouillage avec Photoshop ni avec d’autres outils numériques de ce type. Les clichés ont été capturés au moyen d’un iPhone 6S, en mode panoramique, avec des temps de pose allant de quelques secondes à plusieurs minutes, plus d’une heure pour certains. Dans certaines prises de vue, le sujet se déplace devant l’objectif, dans d’autres, c’est l’appareil de prise de vue qui tourne autour du sujet. Dans un cas comme dans l’autre, au-delà de la pure prouesse technique, le résultat est déroutant. De sa série PAAAS, 2018-2023, Pierrejean Canac écrit : « Je marche. Mon attention se pose sur mes pieds et les quelques mètres à venir, sur la terre, le sable, les pavés, les marches… Chaque pas s’inscrit dans l’image, s’y fixe. Serai-je un peu obsédé par l’envie de laisser quelques traces de mon passage sur terre ?… L’idée me fait sourire mais, dans le fond, révèle surtout un désir poétique : reproduire sur une image quelques secondes de quelques pas, quelque part. L’analogie entre traces archéologiques et traces photographiques m’est apparue évidente. » À sa façon, le photographe nous dote d’un œil augmenté, ce dernier mot ayant le sens qu’il a dans l’expression réalité augmentée. Les titres des œuvres, avec des voyelles ou consonnes répétées, tel le L ou le A dans les titres des séries, apportent une touche d’humour inspirée du surréalisme ou de l’OuLiPo.

La disparition, la mutation et la mémoire sont les thèmes de prédilection qui jalonnent les créations d’Anaïs Charras, graveuse. De son évolution récente, elle écrit : « Travaillant jusqu’alors presque exclusivement à la pointe sèche sur cuivre, j’ai, il y a peu, rencontré le burin. La recherche de l’effet spontané du trait à l’aide d’un outil dont le maniement appelle la lenteur représente pour moi le franchissement d’une étape importante dans l’exercice de ma pratique. Le rythme du sillon patiemment creusé impose un travail préparatoire exigeant dans lequel je m’épanouis pleinement. Je mélange à présent les deux techniques afin d’imprimer à mes personnages d’autant plus de vie et de profondeur. Au moment des derniers états, la pointe sèche vient parfois doucement bousculer la logique géométrique du burin et apporter un léger déséquilibre aux personnages, une lumière inattendue en arrière-plan, un accident sur un visage… » Chacune de ses planches nous fait découvrir un univers improbable, où rêve, réalité et réminiscence d’œuvres du passé – de Jérôme Bosch et Albrecht Dürer à Max Ernst et Roland Topor – s’entrecroisent pour faire surgir des images qui frappent l’imagination, surprennent, poussent à la rêverie ou à la méditation. Le tout sans la moindre violence mais avec une évidente empathie pour ses personnages, mutants, étonnés d’exister, perdus dans un monde – le nôtre – qu’ils semblent découvrir avec amusement, hébétude ou stupeur.








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