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Le poil à gratter…

3. Empirisme – La démarche d’Anne Da Silva est foncièrement empirique. C’est, en effet, de l’expérience sensible de ses matériaux, de sa matière première, que résultent son savoir et le plaisir esthétique qu’elle nous donne. Pour elle, la connaissance n’est pas première mais s’appuie sur l’accumulation d’observations, dont elle peut dériver des lois générales, par induction, allant du concret à l’abstrait. Elle déclare : « je suis rarement conduite par une idée préalable, je pars à la découverte ; silencieusement en laissant le corps et les matières me guider, je cherche d’autres manières de chercher[4]. » Elle se situe ainsi dans la descendance des philosophes empiristes anglais du XVIIe siècle, tel John Locke qui posait comme postulat que la connaissance de l’homme ne saurait s’étendre au-delà de sa propre expérience[5] ou Francis Bacon déclarant : « On ne peut vaincre la nature qu’en lui obéissant[6]. » ou bien encore : « La nature, pour être commandée, doit être obéie[7]. » Les recherches d’Anne Da Silva se fondent sur un besoin d’appartenance – voire d’identification – au monde organique et de dialogue avec lui, avec ses lieux, ses enveloppes et ses insoupçonnables et imprévisibles contenus. Dialogue nourri, dès son enfance, par de longues promenades et la collecte de divers objets préservés par la nature, peut-être des réminiscences de vies antérieures à redécouvrir… Dans la proximité qu’elle entretient avec le vivant, Anne Da Silva guette les composantes d’une humanité emmêlée à ses alentours, nécessairement composite. Ses sculptures et installations empruntent au monde organique des matières, des formes et des agencements, d’où finira par jaillir le sens, au terme d’un travail long, lent et soutenu, souvent très répétitif qui plonge l’esprit dans une sorte de vacance au cours de laquelle des intuitions se précisent et des récits s’écrivent. Les sculptures s’étoffent alors d’un potentiel narratif sur lequel elle veille pour qu’il ne devienne pas directif, totalitaire, imposant… Elle affiche sa prédilection pour les peaux, écorces, croûtes et enveloppes de ce monde organique, ces membranes mystérieuses qui séparent et réunissent, qui témoignent de la réversibilité du sentant et du senti, du créateur et de l’observateur de son œuvre.

4. Nomadisme – L’arrière-grand-père d’Anne Da Silva était originaire de la rive gauche du Minho, à l’extrême nord du Portugal, déjà un finistère, au sens étymologique de ce mot… Native de Riom, en Auvergne, elle a suivi son cursus scolaire dans sa ville natale avant de passer une licence d’arts plastiques à Toulouse, complétée par un Master 2 à Rennes, puis d’une formation post-diplôme à l’École des Beaux-Arts de Bourges. Elle vit, depuis un peu plus de dix ans, dans le département du Finistère, dans le village de Rosnoën, modérément vallonné, bordé par la rade de Brest et la rivière du Faou, à l’entrée du Parc d’Armorique et de la presqu’île de Crozon. Sa mobilité géographique ne se réduit pas à l’énumération de ses lieux d’habitation successifs. Son nomadisme instinctif, à l’instar de son arrière-grand-père paternel migrant du Portugal en France[8], lui fait affectionner les résidences artistiques dans des lieux peu conventionnels : par deux fois (2018 et 2019) dans le phare de l’île Wrac’h, mais aussi à Brest, dans le Gers, dans la région toulousaine, en Haute-Loire ou dans les Côtes-d’Armor… sans compter un séjour en Slovénie dans le cadre du Service Civique. Si elle est un peu poisson, elle ne se contente pas du confort relatif de sa boîte de conserve, me faisant penser à une réplique d’un des personnages de William Faulkner dans la relation d’une interminable errance : « Ma mère n’est pas dans la boîte. Ma mère ne sent pas comme ça. Ma mère est un poisson[9]. » Ce besoin de mobilité géographique et intellectuelle se manifeste dans quasiment toutes ses œuvres. Par exemple, dans son installation Veille, 2019, qui se compose, en autres choses, de sculptures en peaux de poissons séchées et cousues, présentées à côté de longues colonnes d’arêtes empilées. Cette œuvre propose au spectateur une lente déambulation, physique et mentale, dans un paysage imaginaire, en suspension, à la fois insolite et accueillant, simultanément distant et proche, dépaysant et réconfortant. Le visiteur peut rentrer dans certaines des sculptures comme dans une tente, pour se reposer, regarder, écouter, découvrir ou reconnaître un monde qu’il peut reconstruire à sa guise…






  • 30.05.2023 - 30.06.2023
    Ausstellung »
    Cynorrhodon – FALDAC »

    du 30 mai au 4 juin 2023
    74 boulevard Richard-Lenoir – 75011 PARIS
    (notices rédigées par Louis Doucet)

Reliques, 2021
Pélagie, 2019


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